Paris : Le Père Lachaise voit rouge !

1 novembre 2008

L'oeuvre est enterrée mais l'art est bien vivant !

Artiste peintre français de renom, Jean Dolande ouvre deux galeries en Chine à Shanghaï, expose à New York et à Paris (http://www.jeandolande.com/). Il dénonce l'indifférence des responsables du monde de la culture vis à vis des artistes contemporains. "80% des oeuvres exposées dans les musées sont celles d'artistes disparus" rappelle Jean Dolande. Après s'être illustré au Musée d'Orsay, au musée Jacquemart André et au Louvre pour avoir accroché une de ses oeuvres dans les lieux, défiant les services de sécurité, il décide en ce 1 Novembre 2008, fête de la Toussaint, de convier les médias et ses amis artistes au cimetière du Père Lachaise à Paris (20ème). L'objectif est dessiné : enterrer symboliquement une de ses oeuvres.
"On s'interesse aux artistes quand ils sont décédés ! Les littérateurs de l'époque de Prévert disaient de sa poésie que c'était de la "gouaille" populaire. Maintenant, il est encensé" s'insurge Philippe Barbier, poète de Villabé.

Le cortège d'une trentaine de personnes se forme en procession. Il est composé de nombreux artistes parmi les plus connus : Rodica Iliesco (artiste peintre), Joël Conte (poète et Président d'Europoésie), Philippe Barbier (poète de Villabé), Dan (sculpteur sur bois), "Monsieur" Saint-Preux (auteur compositeur), Jean-Jacques Kelner (photographe), Philippe Eineck (auteur scénariste), Clément Bequart (Violoniste), Fernando (artiste peintre Brésilien) avec qui Jean va prochainement exposer à Sao Paulo. Ouvrant la voie du cortège et symbolisant les droits de l'homme, une des sculptures de Jean Dolande le suit. Elle est portée par 4 amis de l'artiste masqués de rouge, accompagnée en musique par Clément, Violoniste.

Tout au long de son parcours, accompagné de ses amis chacun masqué de rouge, Jean Dolande s'arrête à plusieurs reprises devant les stèles d'artistes célébres comme Gilbert Becaud ou Sarah Bernhardt devant les regards curieux des visiteurs du jour de la Toussaint. Il dépose une rose en mémoire de leur talent et de leur oeuvre en faisant observer une minute de silence pour chacune des étapes.

L'artiste enterre son oeuvre pour tuer l'indifférence !

Arrivé à la sépulture, Jean Dolande entouré de ces amis et face à la presse venue couvrir l'évènement (AFP international, PARIS TV, Lalocale Television, Paris Nuit magazine, Canal +, etc.) prend la parole pour exprimer sa sensibilité artistique dans ce moment de recueillement. Dans le plus grand respect des lieux, il dépose son oeuvre sur la stèle. "Cette oeuvre était une grande dame empreinte de joie et de vie. C'est avec beaucoup d'émotion que je l'accompagne jusqu'à sa dernière demeure entourée de ses oeuvres soeurs" précise avec beaucoup de générosité Jean Dolande. Pendant qu'il recouvre de terre délicatement son oeuvre, ses amis portant ses autres oeuvres se recueillent dans un crépitement de flash qui "immortalise" l'évènement. De jeunes filles viennent déposer des fleurs sur la peinture recouverte.

"Nous étions dans une poésie Nervalienne au Père Lachaise. En même temps, c'est un formidable message d'espoir qui nous invite à comprendre que dans l'au-delà il y a une autre vie où les artistes continuent à briller" exprime avec beaucoup de coeur Philippe Barbier, poète de Villabé.

Les curieux s'approchent et demandent la signification de cet évènement très médiatisé. Certains prennent des photos. Une émotion est passée dans les allées du Père Lachaise. Cet acte empreint de générosité et de sensibilité doublé d'une pointe d'impertinence a réussi son objectif : tuer l'indifférence vis à vis des artistes contemporains.

Comme disait Nerval, le rêve est une seconde vie !

Le violoniste Clément acteur de la cérémonie réagit après sa participation : " ma musique entièrement improvisée a réussi à s'inscrire dans une ambiance trés particulière voulue par Jean. J'ai été très aidé par le Père Lachaise. Dans ces lieux si chargés d'émotions, j'ai suivi les temps de relâche (musique plus joyeuse) et les moments plus solennels (musique plus grave). Ce fût un grand moment d'émotions."

"Jean a voulu attirer l'attention sur les artistes qui galèrent et qui ont un immense talent. Les artistes de leur vivant, fort de leur art, aspire à une reconnaissance. Comme disait Nerval, le rêve est une seconde vie." rajoute Philippe Barbier, poète de Villabé.

A l'issue de la cérémonie au Père Lachaise, comme la tradition parfois le propose pour le dernier voyage, Jean Dolande invite ses amis à prendre une douceur chez lui autour d'un buffet. A cette occasion, les artistes renouvellent leur appel à une meilleure reconnaissance devant les caméras.
Dan Sprinceana, sculpteur et organisateur de manifestations artistiques, a beaucoup travaillé sur des souches monumentales, vestiges de la tempête du 26 décembre 1999, leur donnant ainsi une deuxième vie. Dan qui a organisé notamment en 2007 l'exposition "Brancusi, hommage et héritage" à 50 ans de sa disparition, profite de l'occasion pour interpeller les pouvoirs publics : " l'idée de reconnaître les artistes après leur mort m'attriste. Je regrette le manque d'appui des ministères et décideurs culturels pour l'organisation d'évènements artistiques".

Aujourd'hui, dans les allées du cimetière du Père Lachaise rien n'était comme d'habitude. Les oeuvres de Jean Dolande, sa sensibilité artistique, son intelligence émotionnelle et les détails de cette "cérémonie rouge" en ont fait voir de toutes les couleurs aux responsables des lieux. Le porte-parole des artistes contemporains a réussi grâce à cette cérémonie, haute en couleur et très médiatisée, à faire passer son message :

L'oeuvre est enterrée mais l'art est bien vivant !